ACTUALITÉ
  1. Accueil
  2. |
  3. Actualités
  4. |
  5. Hommage à Jean...

Hommage à Jean Gilbert

27 mai 2023

Jean Gilbert… la liberté chevillée au cœur!

Jean Gilbert est né le 14 mars 1925. Son père est un poilu blessé au front, mais qui en revient vivant. Il est élève dans un collège de Thonon et assiste, impuissant, à la débâcle de l’armée française. Il fulmine surtout après avoir entendu le maréchal appeler à la fin des combats. Un oncle lui parle d’un certain général qui prône la résistance. Ses parents l’inscrivent chez les Lazaristes à Lyon pour préparer Saint-Cyr. Il fait la connaissance de Maurice Évain qui, comme lui, rêve de rejoindre le général. Ils se renseignent sur les filières notamment celle des Jésuites et constituent un petit pécule… direction l’Espagne.

Prisonnier en Espagne, Jean rejoint de Gaulle

Dans le secret, et sans avertir ses parents, Jean prend le train pour Perpignan, accompagné de Maurice. À Saint-Laurent-de-Cerda, ils sont hébergés chez le curé et retrouvent, dans une cave, 10 autres candidats au départ, dont Serge Giry (1923-1984), un Riorgeois du réseau Franc-Tireur. Jean s’appellera Joseph Gasselaine ; canadien ! Ils franchissent la frontière le 19 février 43 et prennent la route pour Figueras, mais sont arrêtés (sur dénonciation de leur logeur) par la garde civile ; conduits en prison, ils sont interrogés ». Les conditions sont dures, Jean souffre du froid et de la faim. Les prisonniers sont transférés à la prison de Gérone où les conditions de détention sont exécrables. Jean y « fêtera » ses 18 ans. L’ambassadeur de Grande-Bretagne leur procure de « faux vrai » passeports et nos fugitifs sont libres de rejoindre Gibraltar le 14 juillet 43 où ils embarquent pour le Maroc puis la Tunisie. En route pour la France Libre où Jean s’engage. Après des périodes de formation, Jean est affecté au 1er régiment d’artillerie coloniale dans le groupe « Liaison d’infanterie et reconnaissance ».

Débarquement en Italie, Jean est blessé

Depuis son command car, il est chargé de transmettre les informations à son État-major. Jean est son bataillon débarque à Naples le 26 avril 1944. En reconnaissance sur la route de Monte-Cassino, il pose le pied sur une mine, mais il est sauf. Opéré deux fois… Jean s’impatiente. Il a appris qu’un débarquement aura bientôt lieu dans le sud de la France. Avec la complicité de son colonel, il quitte l’hôpital et rejoint son bataillon pour le débarquement en Provence.

Débarquement et campagne de France, prisonnier en Allemagne

Jean débarque à la Croix-Valmer le 15 août 1944. La 1reDFL remonte la vallée du Rhône, passe à proximité de Saint-Étienne et Lyon, mais Jean n’aura pas le temps de rencontrer sa famille. Après un détour pour liquider la poche de Royan, son bataillon se dirige vers l’Alsace. Jean est en reconnaissance à Obenheim. Sous un déluge de bombes, le village est encerclé. Son command car explose ainsi que la mairie. Réfugié dans une cave, il est fait prisonnier le 10 janvier 1945 et interné dans plusieurs stalags avec son ami Ignace Comarmond.

La mairie de Cruseilles a reçu un avis de disparition plus tard un avis de décès. Jean participe au déblaiement de la ville de Nuremberg bombardée par Alliés.

Jean s’évade une seconde fois

Profitant du chaos général et d’un transfert des prisonniers, Jean s’évade avec 4 camarades qui assistent à l’arrestation d’un des leurs. Marchant la nuit, ils réussissent à rejoindre les lignes alliées le 20 avril 1945. Ils profitent d’un train de permissionnaires pour rejoindre leur unité au cap d’Ail. Le colonel Bert les décore de la Croix de Guerre et leur accorde trois semaines de permission. Le 8 mai 1945, les deux amis sont à Thonon pour rencontrer la sœur de Jean, Marie-Jeanne… les cloches sonnent à toute volée… c’est la Victoire ! Jean souhaite continuer son engagement en Orient… il n’en sera rien et Jean est démobilisé le 8 août 1945.

L’après-guerre

Jean essaie de rependre ses études… il restera au lycée d’Annecy, une matinée ! Il travaillera désormais avec son père dans la fromagerie familiale avant de rejoindre la société de transports de Louis Gilbert au Coteau… Il y restera 35 ans ! Il épousera Annie Schneeberger, une Roannaise d’origine suisse, qui recevra au nom des parents, la médaille de Yad Vashem et le titre de « Justes parmi les Justes ». Trois enfants naîtront : Chrsitine, Dominique et Roland. En 2006, Jean et Anny s’installent définitivement au Coteau.

Très décoré, Jean n’aura de cesse de témoigner de son engagement auprès des jeunes collégiens et lycéens. Il participera activement au concours Résistance et Déportation. Il sera fidèle, ce Gaulliste convaincu, à tous les hommages rendus à ses camarades « Morts pour la France » !

Jean était un homme affable, discret, profondément humain, mais avec un caractère de Haut-Savoyard. Fidèle en amitié, il parlait sans cesse de la fraternité et de la solidarité de son régiment, et ce « au-delà de la politique, de la religion et de la couleur de peau ».

Jean Gilbert, un homme de cœur, farouche défenseur de « cette France Libre, cette France éternelle ». Il vient de nous quitter pour rejoindre le paradis de la France Libre.

Jean-Paul Nomade, le 27 mai 2023.

>Le résistant Jean Gilbert assiste à la commémoration du 8-mai-1945

Photo fournie par Jean-Paul Nomade